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Projet Armement

Iconographie antique

Taillant de la hache d'armes d'apparat

EROS : 

Dans la cosmogonie grecque, Eros (Cupidon en latin), est la puissance qui permet d'engendrer le monde à partir de la Terre et du Ciel. Les récits mythologiques le concernant demeurent pourtant peu nombreux. Une tradition ultérieure fait de lui un enfant d'Aphrodite et d'Arès. Il incarne à la fois la beauté et le désir amoureux. A ce titre, il est régulièrement accompagné d'Himéos ou de Pothos, autres formes personnifiées du désir. Dans l'art grec archaïque et classique, Eros est un adolescent ailé. A partir du Ve siècle avant J. – C., il prend un aspect plus enfantin : toujours muni d'ailes, il porte désormais un arc dont les flèches frappent ceux à qui il veut inspirer l'amour. Il est omniprésent dans les représentations mythologiques, tant dans la peinture que dans la sculpture ou les arts décoratifs. Il convient cependant de distinguer les thèmes qui font intervenir Eros des images dans lesquelles les Amours se multiplient. Ces derniers ont un rôle essentiellement décoratif et obtiennent une place prééminente dans les arts figurés à partir du XVe siècle : ils sont alors souvent confondus avec de petits génies ailés baptisés putti, ornant tous types de décors et de scènes, accompagnés d'autres dieux ou héros de la mythologie à l'instar de Vénus.

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Rinceaux et banquet (détail de la contre-platine du pistolet à silex de marine)

BANQUET : 

Le banquet est le symbole de la vie en commun. Il peut être un rituel sacré ou profane : l'homme y cultive en effet des rapports avec ses semblables, mais aussi avec les divinités. Il s'agit alors pour les convives de se détacher de leur appartenance terrestre et de se rapprocher de la sphère divine. Le banquet grec, étrusque ou romain présente des personnages à demi étendus sur un triclinium. La représentation du banquet couché survient dès le début du VIe siècle av. J.-C. Il se diffuse ensuite très largement sur la céramique corinthienne, laconienne et attique. Dans la deuxième moitié du même VIe siècle, le motif est attesté sur des frises architecturales. Dans l’Antiquité, les représentations de banquets abondent sur les vases grecs et se répand sur de nombreux reliefs funéraires ou votifs. Pour les chrétiens, le banquet se charge de valeurs spirituelles renvoyant à la Cène. 

Au Moyen Age et à la Renaissance, les banquets seigneuriaux sont l'occasion d'affirmer le pouvoir économique et social de l'aristocratie car le repas est aussi un spectacle : le seigneur dévoile son rôle et sa richesse, mais aussi son raffinement. Le banquet fait ainsi partie des habitudes sociales en Occident. À ce titre, il constitue un sujet artistique, de l'Antiquité au XIXe siècle. À partir du XVIIIe siècle, le banquet s'affirme comme l'un des décors de la scène de genre aussi bien paysanne qu'aristocratique.

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Taillant de la hache d'armes d'apparat

ARTEMIS : 

Fille de Zeus et de Léto, Artémis (Diane en latin) est la sœur jumelle d'Apollon. Assimilée à la lune, elle est la déesse de la chasse, des bois et de la montagne. Dans la mythologie, nombreux sont les exemples où la déesse se montre sévère. Lorsqu’Actéon, en poursuivant un gibier sur le mont Cithéron, surprend Artémis et ses compagnes au bain, celle-ci le transforme en cerf et laisse ses propres chiens le poursuivre et le dévorer. Elle punit de la même manière Callisto, abusée par Zeus.
Dans l'iconographie la plus ancienne, Artémis est représentée tenant un animal dans chaque main. En Grèce, à l’époque classique, la déesse est le plus souvent figurée aux côtés de Léto et d'Apollon, formant ainsi la triade délienne. Elle peut également être accompagnée par un cortège de nymphes et d'océanides, desquelles elle exige la chasteté. Dans la statuaire classique, Artémis est vêtue d'une tunique courte, porte un carquois et tient un arc. Elle est régulièrement accompagnée d'une biche, d'un cerf ou d'un chien. Le croissant lunaire est également un attribut de la déesse de la chasse.
A partir du Moyen Age, la chasteté de Diane apparaît comme un thème iconographique récurrent. Les allégories médiévales opposent Artémis, la chasteté, à Aphrodite (Venus en latin), la luxure. Par la suite, plusieurs œuvres reprennent les récits mythologiques où s'exprime cette chasteté : Diane et Actéon et Diane et Callisto de Titien, le Bain de Diane de Boucher, Diane au bain de Watteau ou encore Le repos de Diane de Jordaens.
Beaucoup de dames de qualité se sont par ailleurs identifiées à cette déesse. Dès le XVIe siècle, de nombreuses peintures représentent des favorites ou dames de la Cour figurées en Diane chasseresse, à l’image de Diane de Poitiers, la favorite d’Henri II. Atteignant son apogée au XVIIIe siècle, cette mode persiste jusqu’au XIXe siècle.

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Canéphore (détail de la poire à poudre saint Michel)

CANEPHORE :

Terme venant du grec canephora ou canephoros signifiant littéralement « porte-corbeille ». A l’occasion des fêtes en l’honneur de Bacchus, de Cérès et de Minerve, une jeune athénienne accompagnait les processions, portant sur la tête une corbeille plate (canistrum ou canum). Cette dernière contenait la guirlande, l’encens, le gâteau sacré, et le couteau servant à tuer une victime. Cela donna lieu à un motif décoratif établi. Dans le domaine de l’architecture, les canéphores font souvent office de cariatides. 

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Méduse (détail du sabre du Commandant Caud)

MEDUSE :

Avec ses sœurs Euryale et Sthéno, filles de Phorcys et de Céto, Méduse est la plus célèbre des trois Gorgones. Frappée d’une malédiction par Athéna suite à la profanation de son temple où Méduse est violée par Poséidon, elle est condamnée à pétrifier par le regard tous ceux qu’elle rencontre, des serpents lui faisant office de chevelure. Le héros Persée parvient à la décapiter et offre sa tête à Athéna. Cette dernière la place sur son bouclier dans le but d’éloigner les dangers, donnant naissance au Gorgonéion.  

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Sphinges affrontés (détail de la bouterolle de fourreau en ivoire)

SPHINGE : 

La sphinge se présente comme une réinterprétation du sphinx égyptien, hybride au corps de lion et à tête humaine, apparu en Egypte sous la IVe dynastie. Il possède alors une nature principalement funéraire et symbolise la force du pharaon. Le sphinx apparaît dans toutes les civilisations orientales et méditerranéennes : en Syrie, en Palestine, en Mésopotamie dès le XIIe siècle avant J. – C., en Grèce dès les VIIe-VIe siècles avant J. – C., chez les Etrusques et les Perses, à Chypre et plus tard dans l'art romain.
La mythologie grecque offre au sphinx son pendant féminin, la sphinge. La créature hybride possède un visage et une poitrine de femme, un corps et des pattes de lion ainsi que des ailes. La sphinge serait une créature dotée de la parole et placée par Héra sur la route qui relie Delphes à Thèbes, dévorant les passants incapables de répondre à ses énigmes. C'est dans ce cadre que la sphinge apparaît dans le mythe d'Œdipe. Dès le début du VIe siècle avant J. – C., l'affrontement qui oppose la sphinge à Œdipe est particulièrement présent sur les scènes historiées des céramiques. Cet épisode continue d'inspirer les artistes jusqu'à la période Moderne.
La sphinge possède par ailleurs une fonction décorative. Elle orne les étoffes, les casques, les trônes, mais ne perd pas sa fonction funéraire et couronne également les stèles. À Rome, la sphinge conserve les mêmes fonctions funéraire, ornementale et narrative. On la retrouve ainsi sur les sarcophages, les candélabres, les tables, ainsi que dans la peinture et la mosaïque.
Si sphinge et sphinx tombent dans l'oubli durant le Moyen Age, la Renaissance renoue avec l'usage décoratif des deux créatures, notamment dans les grotesques ou dans l'ornementation des trônes. Les premiers exemplaires qui ornent les palais royaux du XVIe siècle sont réalisés sur des modèles apportés d'Italie ; les ébénistes du règne de Louis XVI exploitent à nouveau le motif, largement développé par la suite avec l’expédition d’Egypte.

Textes : Manon JAMAIN, Morgane LEBLANC, Gaëlle PERON, Julien BIDAULT et Jean-Yves CHEVRE-BALEIGE