Motifs végétaux
ACANTHE :
Ce motif décoratif interprète la feuille d'acanthe des pays méditerranéens. L'acanthe n'est pourtant pas une imitation de la nature : selon Aloïs Riegl dans Questions de style paru en 1893, c'est à partir de la palmette que le motif d'acanthe se développe. L'acanthe ornementale désigne une feuille aux limbes découpés et dont le bord peut être soit lobé, soit denté. Le motif se présente aussi bien sous forme de feuille isolée que de frise.
Dès l'Antiquité, l'acanthe se manifeste comme la feuille la plus utilisée pour le décor d'architecture. Elle apparaît notamment sur la corbeille des chapiteaux d'ordre corinthien. A la Renaissance italienne, l'acanthe orne pour la première fois le mobilier, les armes et les céramiques. À la même époque, se développent les gravures d'ornement qui contribuent à propager le motif de l'acanthe dans la décoration.
La feuille d'acanthe participe d'un style opulent qui marque également le mobilier français. Au XVIIe siècle, un riche décor floral agrémenté de ce motif constitue le plus souvent le répertoire des marqueteries d'André-Charles Boulle. Mais c'est au milieu du XVIIIe siècle que la feuille d'acanthe est particulièrement privilégiée. Elle est fréquemment employée dans le décor Rocaille dont elle est l'un des principaux ornements. L'acanthe est utilisée pour rehausser les rinceaux. Elle intervient également en frise où les feuilles, qui s'enroulent autour des tiges des rinceaux, délimitent la composition. L'acanthe fait alors partie d'un système de composition organisé. Elle peut par ailleurs encadrer des figures humaines ou des grotesques. Enfin, l'acanthe est aussi un ornement autonome et apparaît sous forme de feuille isolée. De tous les motifs inspirés par la nature, il est le plus facile à exécuter car il se prête bien à la répétition comme à l'organisation symétrique de la surface.
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LAURIER :
Les feuilles de laurier sont un des attributs d’Apollon. C’est également un symbole de victoire et un motif privilégié depuis l’Antiquité romaine dans le répertoire militaire. Il peut se présenter sous la forme d’un rameau, d’une couronne ou d’un tore et symbolise les vertus militaires. Les lauriers sont souvent associés aux feuilles de chêne qui, elles, se réfèrent aux vertus civiques.
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LOTUS :
Le lotus est privilégié comme fleur d'ornement composée au minimum de deux pétales concaves. Il se reconnaît par le positionnement de ses pétales en éventail, traduit par des traits fins et serrés. La fleur de lotus est héritée de l'art égyptien et très utilisée dans l'Antiquité mais aussi dans l’iconographie bouddhique. Le motif connaît de multiples déclinaisons : la fleur peut être représentée seule, ouverte, fermée ou en bouton, accompagnée ou non de sa tige et de ses feuilles. Le lotus est également un motif architectural d'ornementation et de structuration des édifices sacrés orientaux, où la fleur apparaît comme un symbole de pureté.
L'expédition du général Bonaparte en Egypte, suivie de la publication entre 1809 et 1818 de la Description de l'Egypte par Dominique Vivant Denon, participe au succès de cet ornement. La fleur de lotus s'illustre ainsi dans de nombreux domaines, des arts décoratifs à l'architecture. Le motif est aussi remis à la mode au début du XXe siècle, notamment dans les années 1920. Enfin, selon W. H. Goodyear dans l'ouvrage The Grammar of the Lotus, publié en 1891, cette fleur constituerait la base du vocabulaire ornemental classique.
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LYS :
La fleur de lys est une fleur d'ornement composée d'un lobe axial lancéolé et flanqué de deux lobes latéraux retombants. Dans l'iconographie chrétienne, le lys est un attribut de la Vierge, de saint Joseph et de saint Antoine de Padoue. Mais la fleur est aussi un motif décoratif très utilisé en héraldique. Elle est employée pour la première fois sur le contre-sceau de Philippe-Auguste, attaché à une charte de 1180. Le décor connaît une vaste diffusion dans les années 1240-1260. Pendant plusieurs siècles, toute la symbolique construite sur les fleurs de lys s'articule autour de la même idée : le roi de France, responsable du salut de ses sujets, a reçu de Dieu une mission. Les fleurs de lys témoignent de cette mission et soulignent le caractère ecclésiastique de la fonction royale. Sous saint Louis, les trois pétales de la fleur symbolisent trois vertus : la Foi, la Sapience et la Chevalerie puis, par extension au XVIIe siècle, l'évocation même de la Trinité, protectrice du royaume de France. En effet, depuis le XIIIe siècle, cet emblème adopté par la maison de France sert d'insigne et d'ornement à une grande quantité d'objets. Le motif apparaît en architecture, sculpté sur les métopes des frises doriques. Il est également très présent sur les murs, les toits et les lambris des demeures royales et publiques. C'est aussi un ornement traditionnel en serrurerie.
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OLIVIER :
Les rameaux d’olivier sont un attribut de la sagesse et de Minerve. Ils font également référence à la paix, lorsqu'ils sont tenus dans son bec par une colombe, à la justice et à la charité.
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PALMETTE :
La palmette constitue un motif décoratif végétal plus ou moins stylisé, rappelant la feuille de palmier. Posés en éventail, les lobes de ce motif sont larges, épais, soudés et incurvés. En architecture, la palmette est le plus souvent placée au dessus d'enroulements en « S », appelés spires. Elle peut également être représentée en paire, les feuilles croisées et nouées par la tige. En se répétant symétriquement, la palme donne naissance au fleuron, un motif constitué le plus souvent de trois feuilles disposées les unes à côté des autres sans que rien ne les relie entre elles.
La palmette de l'Antiquité romaine est reprise dans l'art islamique, dotée soit de lobes infléchis en griffes, soit de lobes terminés en noyaux. Deux principes commandent l’organisation du décor palmiforme dans l'art islamique. Le premier est basé sur l’emploi de l’arabesque où palmes et fleurons se dégagent de la tige. La tige qui guide le mouvement est appelée ḥabal (corde) ou hit (fil). Le second principe est fondé sur la répétition et l'imbrication de fleurons ou de feuilles. La figure cruciforme dessinée par quatre fleurons est également caractéristique du décor palmiforme islamique. Apparue à l’époque sassanide, elle est également présente dans le décor islamique en Iran, en Turquie et au Yémen où elle s'illustre sur les plafonds peints de plusieurs mosquées.
Dans l'art Roman, les lobes de la palmette sont soudés. Elle prend alors la forme de la feuille de marronnier dans la sculpture gothique. La Renaissance renoue avec la plante « à la romaine », tandis que le style baroque opte pour un bouquet de folioles d'acanthes et, dans le style Louis XIV, le motif se divise en trois ou plusieurs feuilles trilobées. Enfin, la palmette est aussi un ornement décoratif très présent des styles Rocaille et Néoclassique.
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RINCEAU :
Le rinceau est une composition linéaire organisée en frise de végétaux enroulés en courbes et contrecourbes et agrémentée de feuillages, de roses ou de fleurons. Il constitue un motif décoratif qui plonge ses racines dans l'observation naturaliste des sculpteurs antiques.
En Occident, le rinceau se développe en Italie pendant la Renaissance, notamment sous la forme du candélabre : d'un axe central linéaire naissent des rinceaux latéraux, symétriques, souvent dérivés de l'acanthe. Il réapparaît en Europe dans les premières années du XVIe siècle où se mêlent les héritages du gothique tardif et de l'Antiquité, d'où une multiplication des formes, des influences et des écoles. En effet, le succès du motif ne connaît pas de frontières et les artistes l'interprètent sous ses diverses appellations : fogliami italiens, Laubwerk et Ranken germaniques, scrolls britanniques ou rinceaux et feuillages français.
S'adaptant à toute échelle, le rinceau bénéficie d'une large diversité d'usage – de l'architecture aux techniques de la miniature – et épouse les espaces vides. Se situant dans les cadres et dans les marges, le rinceau fait ainsi partie du registre secondaire du décor. En architecture, les rinceaux s'affichent en frise horizontale le long des linteaux, des corniches et des moulures des façades. De la même manière, chez les orfèvres, une frise de rinceaux encerclant la panse d'un vase rompt la monotonie de l'objet. Le motif est aussi fréquemment utilisé dans l'art du métal. Le rinceau s'adapte aux formes des armures, poignards, fourreaux et gardes d'épées. Au début du XVIe siècle, se développe par ailleurs une mode du rinceau comme décor du costume militaire. Les types floraux ou végétaux représentés diffèrent en fonction des origines géographiques des graveurs. Par exemple, rinceaux de houblon, de houx, de lierre et de vigne sont réalisés par les graveurs allemands et flamands tandis que les graveurs italiens exécutent rinceaux de laurier, de figuier ou d'acanthe.
Le rinceau est aussi l'un des motifs décoratifs de base de l'art islamique, aux côtés des motifs géométriques (voir première image de la poire à poudre pour les rinceaux de style Iznik, puis seconde image de la bouterolle pour les rinceaux syriens, et enfin troisième image pour les rinceaux européens). Il connaît ses premiers développements à la fin du Ve siècle où il est principalement utilisé comme frise. Dans l'art islamique, le rinceau peut être constitué de feuilles de vigne ou d'acanthe. Le rinceau est également complété par des êtres vivants de toute espèce – oiseaux,sauterelles ou papillons – ou de masques végétalisés.
Textes : Manon JAMAIN, Morgane LEBLANC, Gaëlle PERON, Julien BIDAULT et Jean-Yves CHEVRE-BALEIGE