Décor
Cette poire à poudre, réalisée en bois de cerf gravé, est ornée d'un décor très détaillé et particulièrement minutieux. Outre saint Michel, de nombreux motifs secondaires, parfois de très petite taille, sont gravés sur l'ensemble de l'objet, à l'exception de son dos qui n'était pas destiné à être visible.
La représentation de saint Michel terrassant le démon devant un château fort, à l'arrière-plan, constitue le motif principal du décor. Si l'iconographie de la victoire de l'archange saint Michel est répandue au XVIe siècle, notamment en référence au Saint Michel terrassant le démon de Raphaël (1518, musée du Louvre, Paris), elle ne relève peut-être ici que d'une volonté d'associer un thème religieux et héroïque au propriétaire de la poire ; ce pourrait également être une référence à l'ordre de saint Michel, fondé en 1469.
D'autres motifs secondaires sont également visibles dont deux blasons en haut (probablement ceux du propriétaire de la poire), et deux lions, symboles de force et de puissance, dans la partie inférieure.
Sur les côtés, nous pouvons distinguer une canéphore et, à son opposé, un petit personnage représenté en armure all'Antica dont la gravure minutieuse nous permet de distinguer une cuirasse de type lorica musculata par dessus un subarmalis, des cnémides et un casque phrygien. Le fond présente un mascaron finement gravé, caractéristique des décors d'inspiration antique prisés au XVIe siècle. A l'inverse, les éléments en alliage ferreux, bec et crochet de suspension, présentent une sobriété étonnante.
L'horreur du vide manifestée ici est typique de l'époque de la Renaissance, caractérisée par les décors foisonnants qui se répandent notamment sur les poires à poudre, à l'image de celles de la collection Pauillac conservées au musée de l'Armée.
J.-Y. C.-B.