Notice
Cette bouterolle constitue un cas à part en raison du matériau employé pour sa création, l'ivoire, tout comme du soin apporté à la sculpture et à la gravure. Loin d'être un simple élément protecteur correspondant à l'aspect fonctionnel qu'elle revêt d'ordinaire au bout du fourreau, cette bouterolle a été créée dans un but évident d'ornementation prestigieuse et devait accompagner un fourreau et une arme de grande qualité.
Sa désolidarisation du reste du fourreau, cependant, complique son interprétation. L'opération semble avoir été brutale, la bouterolle présente, à l'intérieur, des restes de colle et de cuir, et a visiblement été arraché de force de son fourreau ; on notera également la présence, au niveau de la pointe, d'un percement plus tardif.
Le style des rinceaux végétaux gravés nous a cependant permis d'établir par comparaison une proposition d'attribution pour la Syrie du XIIIe siècle.
La forme relativement large de cette bouterolle, ainsi que la fragilité du matériau employé, laissent à penser que le fourreau dont elle faisait partie était probablement destiné à une dague ou à un couteau de chasse plutôt qu'à une épée, dont la longueur aurait multiplié les risques de chocs.
Jean-Yves CHEVRE-BALEIGE
Références :
- MIGEON, Gaston. Les Arts Musulmans. Paris : G. Van Oest, 1926.
- MIGEON, Gaston. Manuel d'Art Musulman. Paris : Auguste Picard, 1927.