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Notice

<em>Casque d'Agris</em> Paragnathide du <em>Casque d'Agris</em>

Le Casque d'Agris est un objet votif d'exception. Découvert dans la grotte des Perrats à Agris, en Charente, sa surface est couverte de bandes ornementales de bronze dont le décor en léger relief a été obtenu par la fonte mais aussi au repoussé, puis entièrement revêtu de feuilles d’or. Les parties inférieure et supérieure du décor du timbre ont été agrémentées de très nombreux cabochons de corail fixés par des rivets en argent à tête de bronze doré. La paragnathide encore fixée à demeure et les ornements latéraux et sommitaux ont été obtenus à l’aide des mêmes matériaux et des mêmes techniques. La base du cimier est consituée de trois disques superposés bordés de corail. Sa partie supérieure, qui était enfilée sur une tige de fer bifide a disparu. Il pouvait s'agir d'une figuration animale, comme sur le casque de Ciumesti en Roumanie.

C'est une pièce majeure pour la connaissance de l'âge du Fer en Occident au IVsiècle avant J.-C. : il s'agit en effet du plus luxueux casque d'apparat celtique découvert à ce jour, probablement une offrande aux dieux souterrains. C’est un objet de prestige, signe distinctif d’une classe supérieure. Cette hypothèse est soutenue d'une part parce qu'il est si étroit qu'il est impossible de le coiffer même sans l'ajout de la calotte intérieure, d'autre part parce qu'on suppose que les Celtes ne portaient pas de véritables casques lors des combats mais parfois de simples calottes de cuir. En effet, seul un très petit nombre de casques ont été retrouvés dans les fouilles et les historiens romains n'en font pas mention.

Le caractère sacré est retenu car, si cette offrande n'a pas été retrouvée dans une sépulture, la grotte des Perrats qui l'abritait, utilisée depuis le Mésolithique, était peut-être un lieu de dépôts sacrés considéré comme un accès vers le monde souterrain. Le démontage et la fracturation des garnitures externes du casque, le choc que son timbre a reçu, produisant un enfoncement marqué, apparaîtraient comme les prémices de cette pratique de destruction des armes constatée dans des sanctuaires plus tardifs (du IIIau Ier siècle avant J.-C.), contenant des dépôts d'armes sacrifiées connus de l'Atlantique à l'Allemagne du sud.

Le pouvoir symbolique des armes est en effet très important chez les Celtes : des divinités du monde souterrain, les entités chtoniennes, apparaissent sur l'objet avec la figure étonnante du serpent à tête monstrueuse sur la paragnathide. Cette représentation est l'une des plus anciennes connues dans l'art celtique. L'entité chtonienne assume entre autres un rôle psychopompe : il doit guider les âmes à travers le monde souterrain. Dans ce cas, il ne s’agit pas de n’importe quelles âmes, mais de celles des guerriers qui ont connu une mort héroïque. Ce thème celtique émergeant, que l'on retrouve plus tard avec des variations de détail dans l’iconographie gallo-romaine mais aussi sur certaines œuvres tardives ou périphériques de l’art celte, est unique dans le monde celtique à cette époque. Notons toutefois qu'une créature similaire est brandie par un personnage coiffé de bois de cerf, dans lequel on reconnaît habituellement le dieu gaulois Cernunnossur une des plaques du chaudron de Gundestrup. A ce titre, la paragnathide du Casque d’Agris constitue un document majeur pour la connaissance de la mythologie celtique ancienne. Restauré à Mayence, le casque d'Agris a été présenté lors des grandes expositions sur le monde celte des années 1990 et 2000 en Italie, en Allemagne, au Japon et en Suisse.

Gaëlle PERON

Références :

- BRUNAUX, Jean-Louis ; LAMBOT, Bernard. Armement et guerre chez les Gaulois. Paris : Editions Errances, 1986.

- GOMEZ de SOTO, J. ; VERGER, S. « Le casque d’Agris, chef d’œuvre de l’art celtique occidental ». L’Archéologue n° 106, février-mars 2010, pp. 56-59.

- SCHOMAS, Héloïse. « A propos de la rhétorique des images monétaires des peuples du Centre-Est de la Gaule ». Revue archéologique de l’Est Tome 62, 2013. http://journals.openedition.org/rae/7612, consulté le 21 janvier 2018.

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